En Guinée, la médiation religieuse est de plus en plus utilisée pour résoudre les conflits politiques. Toutefois, cette pratique soulève des inquiétudes quant à l’impartialité de la justice et à la capacité de l’État à faire respecter l’État de droit. Un exemple récent est la libération des activistes Foniké Menguè et ses compagnons, sur l’intervention des chefs religieux qui ont appelé à leur libération sans jugement. Cette intervention soulève des questions sur la partialité de la justice en Guinée et la capacité de l’État à faire respecter l’État de droit.
Le recours à la médiation religieuse pour résoudre les conflits politiques pose plusieurs problèmes. Tout d’abord, cela montre que la justice en Guinée n’est pas impartiale, et que certains individus peuvent bénéficier d’un traitement de faveur en fonction de leur position politique ou de leur affiliation religieuse. En outre, cela soulève des questions sur l’indépendance de l’État, si les chefs religieux ont un pouvoir considérable dans les affaires politiques.
Cette pratique peut également saper la confiance des citoyens dans l’État et dans l’impartialité de la justice. Si les citoyens ne peuvent pas avoir confiance dans l’impartialité de la justice, cela peut mener à une escalade de la violence et à l’instabilité politique. Aussi, cela peut renforcer le sentiment que la corruption est tolérée dans la société, si les individus corrompus peuvent s’en tirer en utilisant leur affiliation religieuse, ethnique, communautaire ou politique.
Pour sortir de cette situation, il est essentiel que l’État garantisse l’indépendance de la justice et son impartialité. Cela signifie que tous les citoyens doivent être égaux devant la loi, qu’ils soient riches ou pauvres, activistes, politiciens, religieux ou non. L’État doit également fournir les ressources et l’expertise nécessaires pour permettre aux institutions de faire respecter la loi correctement.
Il est important d’encourager une culture de la transparence et de la responsabilité à tous les niveaux de la société. Cela peut être fait en renforçant les mécanismes de contrôle, en promouvant l’accès à l’information, en éduquant les citoyens sur leurs droits, et en encourageant la participation citoyenne. Les médias indépendants et la société civile peuvent jouer un rôle crucial dans cette entreprise.
La situation actuelle en Guinée est préoccupante et nécessite une action urgente pour restaurer la confiance dans les institutions de l’État, promouvoir l’État de droit et garantir une justice équitable pour tous. Les solutions proposées ne sont pas exhaustives, mais elles peuvent servir de base pour un dialogue constructif et une réflexion collective sur la manière de transformer positivement l’avenir de la Guinée.
Il est également crucial que les leaders politiques et religieux prennent leurs responsabilités en matière de promotion de l’impartialité de la justice et de la primauté du droit. Les chefs religieux devraient éviter de se mêler des affaires politiques et se concentrer plutôt sur leur mission spirituelle. Les politiciens devraient s’engager à respecter l’indépendance de la justice et à soutenir les efforts visant à renforcer les institutions de l’État.
La médiation religieuse peut offrir une voie alternative à la justice traditionnelle pour résoudre certains conflits, mais elle ne doit pas être utilisée pour contourner les processus légaux établis ou favoriser certains individus ou groupes au détriment d’autres. Pour que la Guinée puisse avancer vers un avenir plus stable, plus juste et plus prospère pour tous ses citoyens, il est crucial, avec un engagement fort en faveur de la primauté du droit, de promouvoir l’impartialité de la justice tout en respectant les valeurs et les traditions religieuses du pays. Comment pouvons-nous alors concilier ces deux objectifs apparemment contradictoires et construire un système judiciaire qui soit à la fois impartial et respectueux des traditions religieuses en Guinée ?
Ousmane Boh Kaba
Last modified: 15 May 2023