En application de l’Arrêté A/2023/1092/MT/CAB/SGG du 27 mars 2023 portant règlementation du transport de personnes et de marchandises par tricycles et moto-taxis en République de Guinée, le Ministère des Transports à travers la Direction Nationale des Transports terrestres (DNTT) a pris de fortes mesures contre les conducteurs de mototaxis. Elles (mesures), consistent à limiter le nombre de passagers à 01et de circuler également dans la ville de Kaloum.
Interrogés au lendemain de la prise de cette décision, les concernés comptent braver ladite interdiction.
« Dans la vie, il y a certaines choses qui sont à la fois bonnes et mauvaises nouvelles. La bonne nouvelle par rapport à ce communiqué, c’est de ne pas prendre la surcharge car ce n’est pas bon pour nous-mêmes. La mauvaise nouvelle c’est de dire de ne pas rentrer en ville. Même les passagers vont souffrir pour ça, parce que des fois il n’y pas de taxi qui va en ville alors qu’ils travaillent là-bas et ne comptent sur nous. Si vous voyez que nous sommes dans ça, parce qu’il n’y a pas de travail. Il y a beaucoup de jeunes diplômés sans emploi, certains sont ouvriers et n’y a pas de travail. C’est pourquoi nous faisons ce métier. Et si on nous interdit aujourd’hui d’aller en ville, ça veut dire que c’est de nous bloquer d’aller au travail et cela ne nous arrange pas », a fustigé Mamadou Baïlo Gadiko, peindre et conducteur de taxi moto, avant de poursuivre : « on demande alors à l’État de revoir cette situation pour enlever cette interdiction ».
Cette décision prise par les nouvelles autorités selon ces conducteurs, est intervenue alors que personne d’entre eux, ni leurs syndicats n’étaient avertis. C’est pourquoi à les en croire, la polémique se fait déjà sentir dans la capitale, aussi bien à Kaloum que dans les banlieues.
» On n’était pas au courant du tout. Par exemple, c’est après que mon ami m’a appelé pour me dire qu’on a interdit ça que j’ai finalement compris. Pour me rassurer, je me suis connecté pour vérifier cette information et j’ai exactement vu que c’était de la réalité. Aujourd’hui, personnellement, je n’ai pas pris le risque pour rentrer à Kaloum, parce que le communiqué est déjà sorti. Alors prendre un tel risque, je me dis que ça peut être très compliqué», a reconnu à son tour le conducteur Mohamed Sylla.
Par endroits selon eux, si l’État a pris cette mesure, c’est une façon de demander aux policiers de les anarquer davantage. Puisqu’à entendre Mamadou Baïlo Gadiko, qu’au temps d’Alpha Condé, la même mesure a été prise et ils sont fait face en tant que conducteurs, à toute sorte de racket venant des des hommes en tenue noir.
» Il y avait certains même qui se faisaient passer pour des passagers, en se mettant en civil. Mais c’est quand on te prend tu sauras que c’est un policier. Aujourd’hui cela nous fait vraiment peur et c’est compliqué en ville. Un peu partout, ce sont les attroupements et la polémique se fait entendre à tous les niveaux », a-t-il dénoncé.
Diplômé en gestion comptable de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, Alsény Sylla exerce ce métier par manque de travail. Après plusieurs tentatives sur la route de la Méditerranée, il dit avoir pris conscience depuis le rapatriement des Guinéens vivant en Tunisie. N’ayant pas autre chose que faire le taxi moto, il profite de notre micro pour dire au Président, le Colonel Mamadi Doumbouya, de revoir cette décision de son Gouvernement qui inquiète déjà tant.
« On se débrouillait avec Guinée Games mais ça aussi a été interdit. Si vous voyez que je conduis la moto, c’est parce qu’il n’y a pas de travail en Guinée. Depuis le temps d’Alpha Condé, plusieurs sociétés sont rentrées. Actuellement nous faisons ce métier et il y a assez de dépenses à effectuer, y compris la recette et taxes que nous payons. Aujourd’hui vous avez vu combien de gens qu’on a rapatriés, nous aussi on veut aller là-bas mais avec la situation là, on ne peut plus, au-delà des possibilités que nous manquons», a confié cet autre conducteur.
Il faut rappeler que cette décision interdisant les conducteurs de motos d’accéder au centre-ville de Kaloum, n’est plus une nouveauté. C’est depuis au temps du président déçu, Alpha Condé, même si elle a souffert d’application sur le terrain.
Sâa Robert Koundouno
Last modified: 28 March 2023