Ambassade de Guinée au Libéria

Sékou Oumar Sidimé, le concepteur de la statue de la T5 s’explique : « en Côte d’Ivoire, on m’a donné le contrat de 20 carrefours… »

11 November 2022

Après plusieurs critiques faites autour de la statue de la T5 qui fait beaucoup parler d’elle depuis qu’elle a été dévoilée le mercredi dernier, notre rédaction est allée hier jeudi 10 novembre à Yimbaya, à la recherche du sculpteur.

Sur place. c’est homme très accueillant avec sourire aux lèvres, vêtu de maillot de basket de couleur rouge et d’une culotte kaki que nous avons trouvé.  Il était entouré de plusieurs autres de ses œuvres d’art (statues).

Abordé, Sékou Oumar Sidimé, le sculpteur de la statue du rond-point de la T5, nous a répondu avec joie. Tout en commençant par faire une petite présentation de sa personne avant d’aller au vif du sujet.

Parlant de cette statue qui a volé la vedette à toutes les autres de la capitale, son concepteur pense que les gens parlent mal de cette statue, parce qu’ils ne connaissent pas l’histoire guinéenne. 

« Je suis Guinéen de Kankan,  je suis dans une famille de sculpteurs, de génération en génération et de père en fils. Les gens parlent beaucoup de la statue-là parce qu’ils ne connaissent pas l’histoire guinéenne. Moi, je suis un artisan, je remarque beaucoup de choses. Toutes les provinces guinéennes ont leur culture et quand on dit les monuments, les statues, ce ne sont pas des statues récentes d’aujourd’hui dont on parle. On doit commencer par les anciennes. Par exemple quand on commence par les statues du Manding, on commence par les gens du Manding qui sont passés. Et quand on commence par la Moyenne Guinée, on commence par les gens qui sont passés. Quand on dit Basse Guinée, on commence par les gens qui sont passés. Et quand on dit Forêt, on commence par les Forestiers. Alors, l’homme qui est avec le régime de banane-là c’est un planteur de banane, c’est comme s’il est fatigué, il a fini de travailler au champ et il est en train de rentrer avec la chèvre avec son régime de banane pour envoyer à sa famille. Qui ne connaît pas la Forêt ? Quand un Forestier voit cette image, il se rappelle de son descendant par sa façon de s’habiller. Il a beaucoup travaillé, il n’a pas le temps de faire sa barbe et les cheveux sont désordonnés. On sent directement que c’est une zone qui aime beaucoup l’agriculture »,  a-t-il indiqué.

Parlant de son inspiration, ce grand artiste dit qu’il la tire de ses recherches.

« Bon, ce qui m’a inspiré, nous, quand on est dans l’art sculpteur, on passe le temps à faire des recherches. Ici en Guinée, on connaît quand on voit un art guinéen on se rend compte qu’il est de la Guinée, et quand on voit pour le Mali on se rend compte aussi. Et même quand on voit pour celui du Libéria, on sent. Partout en Afrique, nous on fait des recherches. Et partout tu veux travailler tu feras l’art qui correspond aux réalités de cette contrée et c’est pour cela. Maintenant les gens doivent cesser de parler n’importe comment à propos de ces statues. Ces gens ne connaissent pas l’histoire de la Forêt. Moi j’ai fait un beau temps là-bas. Donc je connais bien. A Kissidougou, N’zérékoré, et même à Guéckédou, j’ai fait beaucoup d’oeuvres d’art dans ces lieux. En travaillant, on fait aussi des remarques et dès qu’on voit seulement, directement c’est capté. Et à travers ça, on copie le même dessin. Et si on nous dit de faire de l’art actuel, nous ne pourrons pas apprécier ainsi nous faisons des arts passés pour nous souvenir de notre passé A la T6, le globe terrestre qui est  au rond-point, c’est moi qui l’ai fait et tout le monde m’a vu en le faisant. Et la photo qui est aussi à la Tannerie rond-point c’est moi qui ai refait ce travail avec mes enfants. Même la statue de Kissi Kaba Keita qui est à Kissidougou c’est aussi mon œuvre. Et j’avais fait des recherches à propos de la couleur du tissu avec lequel les Kissiens s’habillent . C’est ainsi je l’ai habillé avec ça. C’est comme à Kouroussa, le fromager qui est à Kankan. Même l’année dernière, en Côte d’Ivoire, ils m’ont dit de faire trois carrefours et après on m’a donné le contrat de vingt carrefours. Mais tout en sachant que quand on fait un travail en Côte d’Ivoire, on doit faire la culture ivoirienne. Et nous on a tout dans notre tête ici vous voyez ? », a-t-il raconté.

La journaliste Christine Finda Kamano avec le célèbre sculpteur

Parlant plus précisément de la statue de la T5 qui est la star de la semaine, le vieux dira que cette statue reflète l’image d’un Forestier fatigué,qui vient de son champ. Il a donc montré son mécontentement contre les personnes qui se sont insurgées contre lui. Il leur demande donc de laisser cette image telle qu’elle est. Et d’ajouter même que les gens vont finir par l’aimer (statue). « J’ai vu comment est le visage d’un Forestier. Quand un Forestier s’arrête directement, et un autre de la Haute Guinée ou de la Basse Côte, on voit la forme. Chaque province a sa forme. C’est comme un Peul, si un Peul s’arrête tu sens que c’est un Peul. Alors j’ai vu la forme là, j’ai fait un Forestier. Mais en faisant les statues en monuments, le monument ne peut pas avoir la dimension qu’un homme qui a un 1 mètre 70 ou un 1 mètre 80. On fait l’image pour l’agrandir. Voilà la statue Sory Kandia, on nous a dit de refaire, le premier dessin qui était là ça ne lui ressemblait pas. On a pris beaucoup de photos, on a fait des recherches pourvu que ça  lui ressemble. Même il y a 6 mois de cela, on à fait M’Balia Camara à Tondon. Les gens qui étaient là-bas (au rond point de la T5), ils n’ont qu’à cesser de parler beaucoup parce qu’il (l’homme de la statue) n’est pas arrêté seul. Lui c’est un Forestier, la femme qui est derrière, sur place, le chef de quartier  a directement nommé la femme là.  Moi je lui ai demandé voilà ça ressemble à une femme peule alors quel nom on va lui donner ? Le monsieur a dit elle s’appelle Mariama Kenda. Que les premiers habitants de cet endroit là, il y a une femme qui a porté son bébé au dos pour aller à la rivière. Tu vois la coïncidence? La femme là s’appelle Mariama Kenda. Maintenant tous les jeunes qui étaient là-bas étaient en train de dire Mariama Kenda. L’autre statue, quand un Kissien voit, ceux qui travaillent là-bas même l’appelaient Faya. Ils m’ont dit qu’ils l’ont nommé Faya. Mais quand moi je l’avais fait ici (  dans son atelier), je l’appelais Nyankoye. Ça c’est la Forêt ils n’ont qu’à accepter de connaître toutes les cultures guinéennes. Les gens n’ont qu’à cesser de critiquer. Les Blancs aiment. Nous tous on veut imiter les Blancs pour que les carrefours soient embellis. La femme (gouverneure) a fait un bon travail, tous les carrefours ont été bien travaillés. On doit encourager le gouvernement de faire plus. Au lieu de critiquer, la Guinée est trop compliquée. Moi j’ai été dans beaucoup de pays. J’ai fait 29 pays. 10 ans au Liberia, 16 ans au Cameroun, 18 ans en Angola. Je connais toutes les cultures des pays que j’ai visités. Ils n’ont qu’à laisser ça, c’est pour embellir le travail. Il y a beaucoup de travail chez moi. Si on me dit de faire un travail angolais, il y a des cultures avec des colliers au cou, la bouche percée. Il n’y a pas ça ici en Guinée. Alors laissez la statue là tranquille, ils vont finir par l’aimer . Je la nomme Faya. », a-t-il rajouté.

Avant de terminer, Sékou Oumar Sidimé dit aux Guinéens de souvent demander avant de critiquer une œuvre d’un artiste. Pour lui, si l’on ne connaît pas quelque chose ou une culture, il faut approcher les gens qui connaissent avant de donner son avis. 

Christine Finda Kamano 

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Last modified: 11 November 2022

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