La vague de racisme dont les Africains sont la cible aux frontières entre l’Ukraine et les pays limitrophes, membres de l’UE, tels que la Pologne ou la Roumanie nous indigne. Selon les témoignages de nombreux étudiants et étudiantes Africains vivant en Ukraine, à l’heure où le monde entier se solidarise avec l’Ukraine, les Ukrainiens dans certains endroits, refusent aux Africains, l’accès aux transports publics. Les pays européens frontaliers de l’Ukraine leur interdisent également de traverser la frontière et l’entrée dans leur pays en raison de la couleur de leur peau. Le principe invoqué pour ce refus entraîne une discrimination de type « D’abord les Ukrainiens ».(Ukrainiens First). Cela choque énormément la conscience humaine, d’autant plus dans l’état d’urgence d’une guerre et dans le cadre d’un appel mondial à des solutions pacifiques.
Selon les médias internationaux, les étudiants Africains font l’objet de « contrôles au faciès ». Cette discrimination de contrôle ne vise que les Noirs, minorité visible. La presse internationale fait état de scénarios bouleversants aux postes-frontières. Des étudiants Nigérians ont été détenus par des agents des forces de l’ordre, à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne et maintenus sous la menace d’une arme à feu. Ils ont eu peur qu’on leur tire dessus et scandaient : «Nous sommes des étudiants et non des criminels». Une mère de famille avec son bébé de deux mois s’est vue refuser l’entrée en Pologne. Tous les Africains et Africaines interviewés ont rapporté des cas de violences inouïes qu’ils ont subis aux diverses frontières de l’Ukraine. Ils ont le sentiment d’être reléguées au rang de citoyens de seconde classe. Il est inacceptable, du point de vue des droits humains, que les réfugiés bénéficient d’un traitement différent selon leur passeport.
Si cette situation est attribuable à une directive officielle des autorités ukrainiennes ou celles des pays limitrophes, il s’agit d’une violation flagrante des droits humains qui ne cadre pas du tout avec les principes et valeurs soutenus par l’Union européenne.
Députés «Verts».Bruxelles sur l’Esplanade du Parlement Européen.
L’Europe se solidarise avec l’Ukraine sur la base des valeurs universelles. Une Europe pacifique, mais aussi une Europe confrontée à la guerre, rejette catégoriquement toute classification fondée sur la couleur de peau, la religion ou l’orientation sexuelle. Pour échapper à la guerre et donc à la mise en danger de sa propre vie, le facteur déterminant doit être, celui d’être un être humain, ni plus ni moins. Ni la couleur de la peau ni l’appartenance à un pays ne doivent jouer un rôle à cet égard.
L’Union africaine et la plupart des pays africains entretiennent des relations diplomatiques et cordiales avec tous les pays européens limitrophes de l’Ukraine. Le fait de traiter les citoyens Africains fuyant l’Ukraine d’une manière qui ne respecte pas les droits humains est en totale contradiction avec les nouvelles relations de partenariat que l’Union Européenne souhaite développer avec l’Union Africaine.
Ce geste inamical posé au lendemain du sommet UE-UA va à l’encontre du partenariat que nous voulons établir. L’Union africaine a exprimé son inquiétude et dénoncé le racisme anti-africain infligé à ses ressortissants.
Nous demandons aux pays limitrophes, qui sont également membres de l’Union Européenne, de laisser passer sans réserve toutes les personnes à leurs frontières, sans distinction quant à la couleur de la peau, afin qu’ils puissent rejoindre le pays européen de leur choix.
Nous demandons également que les étudiants Africains aient la possibilité d’achever ailleurs les études qu’ils ont dû abandonner en Ukraine. Les laisser les mains vides irait à l’encontre de toute volonté européenne de mettre les 2 continents (Europe-Afrique) sur un même pied d’égalité.
Au nom de toutes ces personnes en détresse, nous, membres l’intergroupe du Parlement européen «Anti Racisme et Diversité», demandons instamment de faire preuve d’une humanité réelle et globale. Les personnes qui souhaitent fuir l’Ukraine doivent toutes être traitées de la même manière. C’est une question de droits humains!
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana
Députée au Parlement Européen
Vice-Présidente de la commission «Développement»,
Co-Présidente de l’Intergroupe « Anti-Racisme et Diversité »
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Last modified: 7 March 2022