Cinq Nigérians arrêtés début juillet à Abuja pour avoir porté des vêtements appelant au départ du président Muhammadu Buhari étaient toujours détenus lundi par la police d’Etat, une semaine après la décision d’une cour de justice de les libérer, a indiqué à l’AFP leur avocat.
Ces cinq hommes, qui portaient un tee-shirt avec l’inscription “Buhari doit partir”, avaient été arrêtés durant le service d’une église évangéliste le dimanche 4 juillet.
Lundi, la Haute Cour fédérale de Abuja avait ordonné au Département de la sécurité d’Etat (DSS), dont les agents sont à l’origine de leur arrestation, de les libérer.
“Les cinq sont toujours détenus par la DSS, malgré l’ordre de la Haute cour fédérale de les libérer immédiatement”, a déclaré à l’AFP leur avocat Tope Temokun.
“Lorsqu’une nation glisse dans la dictature, la première chose que le gouvernement fait est de commencer à ne plus respecter les décisions de la justice. C’est exactement ce que le DSS fait aujourd’hui par son refus de respecter et d’obéir aux décisions de justice”, a-t-il dénoncé.
Contacté par l’AFP, la DSS n’avait pas réagi pour le moment.
Le 12 juin, des activistes nigérians avaient appelé à manifester pour protester contre la mauvaise gouvernance, l’insécurité et la récente suspension du réseau social Twitter par le gouvernement du président Muhammadu Buhari.
Ces marches, qui avaient été dispersées à coup de gaz lacrymogènes à Lagos et à Abuja, avaient été baptisées “Buhari doit partir”.
Le président Buhari, un ancien général élu en 2015, a été récemment la cible de critiques sur l’insécurité croissante au Nigeria ainsi que sa gestion économique du pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 210 millions d’habitants.
Le Nigeria fait notamment face à une rébellion jihadiste dans le nord-est, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 2009, et le nord-ouest du pays est en proie à des groupes criminels qui terrorisent les populations.
Le mois dernier, le gouvernement nigérian a également déclenché un tollé lorsqu’il a suspendu indéfiniment Twitter dans le pays, affirmant que la plate-forme était utilisée pour des activités visant à déstabiliser le Nigeria.
Le gouvernement est très régulièrement pointé du doigt par les organisations de défense des droits humains.
AFP
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Last modified: 3 August 2021