Après l’interdiction de la coupe et du transport du bois par le gouvernement, les menuisiers et autres acteurs de la filière ne savent plus à quel saint se vouer. Pour s’enquérir des réalités que vivent ces derniers, notre rédaction a sillonné ce vendredi 18 juin 2021 quelques ateliers de menuiserie et points de vente de bois et de chevron.
Selon Ibrahima Sory Touré, maître menuisier à la Bellevue, c’est une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui sont de la corporation, puisqu’ils ont été surpris par la nouvelle. Et que cela aurait un impact négatif sur leurs activités. « Dès que le gouvernement a dit cela, le prix du bois a directement augmenté, puisque les gens qui venaient avec le bois ont pris un grand risque. Du coup, tous les prix ont augmenté. Avant, on achetait les planches à 45 mille et les bonnes planches à 50 mille francs guinéens. Aujourd’hui, ces mêmes planches, nous les achetons entre 60 et 70 mille GNF. Deux (2) épaisseurs, 3 épaisseurs, on achète maintenant à 150 mille, 160 mille francs guinéens. Les madriers, avant, on les achetait à 800 mille francs. Aujourd’hui, c’est 900 mille francs guinéens. Nous sommes tellement inquiets ! Nos activités vont s’arrêter et on n’a rien d’autre à faire. Donc, c’est vraiment difficile. Nous, nous n’avons pas de porte de sortie puisque notre matière première, c’est le bois. Et si on n’a pas cette matière première, c’est qu’il serait difficile pour nous de travailler. Et imaginez, si on ne travaille pas et nous avons des enfants, ce que nous allons devenir. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous aussi tous nos prix ont augmenté. Avant, on vendait une armoire à 800 mille. Aujourd’hui, ça peut aller jusqu’à 1.200.000. Le lit était à 1.800.000, 2.000000. Aujourd’hui, ça va de 2.200.000 jusqu’à 2.500.000 GNF. Je demande à l’État de trouver une solution pour nous. Au lieu d’interdire, il doit réglementer, puisque ce sont des millions de personnes qui travaillent avec le bois. Si l’État interdit carrément la coupe du bois, comment nous allons vivre. Et ce n’est pas nous seuls qui souffrons. La population souffre avec nous puisque tout le monde n’a pas les moyens d’acheter les meubles importés, compte tenu de la cherté du prix. Je dirai que les 90% des Guinéens ont besoin de nos matériels. »
Si les menuisiers et autres utilisateurs du bois se plaignent de la cherté de cette matière, les importateurs et vendeurs parlent de rupture du bois les jours à venir sur le marché, si l’État ne revient pas sur sa décision d’interdire complètement la coupe et l’importation du bois. « Le bois est cher parce que ça ne circule pas. Aujourd’hui, les menuisiers et autres se plaignent mais si l’État n’atténue pas ou ne revient pas sur sa décision, les mois à venir seront plus difficiles, puisque vous risquez de ne pas trouver des madriers avec nous. Nous ne sommes pas contre la décision du gouvernement. Il devait au moins laisser nos marchandises déjà en route rentrer. Nous ne savons même plus quoi faire, nous sommes complètement bouleversés en entendant une telle décision en ces moments difficiles à traverser. Nous prions l’État de penser à nous et à nos pauvres familles afin d’alléger cette décision.», a laissé entendre Alpha Mahmoud Diallo, vendeur de bois à Kenien-rails
Mamadou Lamine Keita, venu pour acheter des chevrons qui serviront à mettre la charpente de sa maison, salue quant à lui la décision du gouvernement.
« Je suis venu pour acheter les chevrons pour mon bâtiment mais j’ai trouvé que tous les prix ont grimpé. C’est très difficile pour nous mais le gouvernement a bien fait d’interdire la coupe du bois. Nous disons tous qu’il fait chaud, que nos fleuves et nos marigots tarissent mais nous ne voulons pas voir les réalités qui sont en face de nous. Tout cela est dû à la coupe abusive de bois. Même si l’État venait à autoriser la coupe du bois, il (l’État) doit être très rigoureux. A chaque fois qu’on coupe un arbre, on doit immédiatement planter un autre à sa place. », a indiqué Mamadou Lamine Keita.
A rappeler que cette décision du gouvernement interdisant la coupe et le transport du bois sur toute l’étendue du territoire est entrée en vigueur à partir du 14 juin 2021 jusqu’à nouvel ordre.
Christine Finda Kamano
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Last modified: 18 June 2021